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CHF 20 000-30 000.-
CHF 80 000.-
Exceptionnel secrétaire d'époque Louis XVI, estampillé R.V.L.C. et J.M.E, en placage de diverses essences dont citronnier, bois de violette et bois de rose, à décor orientalisant en marqueterie représentant divers objets de lettré chinois tels que bitong (pot à pinceaux), pierre à encre, bouteille à thé, boite à colliers, encrier portatif ou encore jeu de weiqi.
La façade s'articule en trois parties. La première ouvre par un tiroir orné d'une frise d'entrelacs en bronze doré. 
La deuxième, à décor marqueté dans un encadrement de larges baguettes en bronze doré ouvre par un abattant à contre-poids doublé d'un maroquin pourpre démasquant un intérieur composé et quatre niches et six petits tiroirs en placage de bois de rose, satiné et amarante dont un comportant un nécessaire pour l'écriture. 
La troisième partie, également marquetée à encadrement comporte deux vantaux.
Les montants à pans coupés en léger ressaut sont décorés de vases fleuris et de pots à pinceaux, les côtés sont ornés de deux panneaux à décor de vases fleuris également encadrés par une baguette en bronze. Le tablier est agrémenté d'un bronze doré représentant un mascaron surmonté d'une cassolette fumante, plateau en marbre brèche d'Alep enchâssé dans une lingotière, 141x90x40 cm.


Roger Vandercruse, dit Lacroix (1728-1799 ME en 1755) dorigine flamande, compta parmi les plus talentueux ébénistes du XVIIIe s.. Il reprit latelier familial dans le faubourg Saint-Antoine à Paris lannée de sa maîtrise. Apparenté grâce aux deux mariages de sa sur ainée Françoise Marguerite à Jean-François Oeben puis Jean-Henri Riessener, il gravite dans lélite des ébénistes de lépoque.

Dès 1769 et grâce à sa collaboration avec Gilles Joubert, responsable des commandes royales, il devient lun des fournisseurs de la Couronne, du duc DOrléans ainsi que de la comtesse du Barry.

R.V.L.C fut lun des grands représentants du style Transition, style influencé principalement par les découvertes archéologiques dHerculanum (1738) et de Pompéi (1748) et prônant un retour vers des lignes plus épurées, contrairement aux créations Louis XV parfois très exubérantes.

Il utilise deux estampilles différentes, « R. Lacroix » et ses initiales RVLC, on rencontre parfois les deux estampilles juxtaposées sur un même meuble. La deuxième étant plus discrète nous laisse penser quil lutilisait pour des meubles destinés à des marchands tels que Migeon, Daguère et Poirier.

Son style se caractérise par des formes très raffinées, et son répertoire ornemental comporte toutes sortes de marqueteries géométriques ou narratives, des décors de vernis Martin, des plaques de porcelaines de Sèvres, et un goût prononcé pour les bronzes à lantique.

On retrouve dans son uvre une création importante de petits meubles précieux dune parfaite exécution. L'abondance de bonheurs du jour aux formes élégantes revêtues de placages précieux, semble démontrer que ce fût une de ses spécialités.

R.V.L.C a réalisé également des secrétaires de grande qualité comme en témoigne notre modèle, présentant une marqueterie dobjets de lettrés dans le goût chinois, très en vogue à cette époque. On trouve dailleurs un modèle similaire illustré dans louvrage de Pierre Kjellberg. Ce dernier mentionne également deux secrétaires comparables présentés aux enchères chez Sothebys Londres, le 29 juin 1972, lot 49 et lors de la vente de la succession de Mme Henry Farman par létude de Mes Ader-Picard-Tajan au Palais Galliera le 15 mars 1973, lot 121.